1997, EMI Records Ltd
Il est des albums qui s'imposent comme des jalons essentiels de l'évolution du rock. Certains parce qu'ils marquent l'apogée d'un courant musical (The Dark Side of the Moon de Pink Floyd), d'autres parce que leur musique capture tout l'esprit d'une époque (Harvest de Neil Young), d'autres encore parce qu'ils inventent une nouvelle musique (In the Court of the Crimson King de King Crimson). OK Computer est de cette dernière trempe. Ombre et lumière, pessimisme et rêverie, enfermement et évasion, mondes inhumains et refuges d'espérance, violence mécanique et douceur acoustique... L'on pourrait décliner sans fin les deux faces de ce rock déchiré et déchirant, qui emmène les âmes au ciel après avoir éviscéré leurs corps. Les guitares, les percussions, l'électronique, le filet de voix à peine juste, les choeurs, les échos et bruits divers, la balance... Rien ne sonne comme ce que l'on croyait savoir du rock. Plus tard, Radiohead poussera bien trop avant l'expérimentation à mon goût, ou bien laissera le battage médiatique tenter de faire passer des tournicotis paresseux pour de l'audace inspirée (The King of Limbs). Mais avec OK Computer, ils lèguent une oeuvre qui marque à jamais l'histoire du rock. Et surtout tous ceux qui en sortent à genoux, prêts à se damner pour retrouver ces 53 minutes de pure extase.
9 avril 2011
Festival Field Day de Londres (Royaume-Uni), 7 juin 2003.
1997, EMI Records Ltd.