1973, EMI
Il y avait le rock. Avec cet album mythique, Pink Floyd lui a offert la perfection. Il a du même coup touché le jackpot : plus de 40 millions d'exemplaires écoulés depuis, ce qui en fait l'un des cinq albums les plus vendus au monde. Comme quoi les pièces sonnantes et trébuchantes qui introduisent Money étaient quasiment prémonitoires... Il faut dire que Pink Floyd s'est totalement surpassé et il n'est que justice que tant d'inspiration, de talent et de labeur réunis touchent le coeur des gens. L'oeuvre était certes annoncée par les précédents albums, mais elle a sidéré en franchissant d'un coup une barre placée bien au-delà du prévisible, voire du concevable. Nous voici donc avec un feu d'artifice ininterrompu de thèmes mélodieux et le plus souvent mélancoliques, illuminés d'orchestrations riches, sophistiquées et audacieuses. Impossible aussi de ne pas être frappé par le son, extrêmement travaillé et absolument impeccable, qu'il s'agisse des instruments, des voix, des bruitages, de la répartition spatiale. Quand on songe qu'ils n'avaient à leur disposition que des bandes magnétiques et des potars manuels, sans Midi ni ordinateur, il y a de quoi saluer l'exploit. Mais au fond, ce qui fait de cet album une étoile qui éclairera encore longtemps la planète rock, c'est ce bon vieux miracle d'un groupe qui, arrivé au sommet de son art, attrape tout ce qui lui tombe sous l'inspiration pour grimper toujours plus haut, là où l'on n'était encore jamais allé. Généralement, cela finit assez mal mais, comme le chantait Neil Young, mieux vaut s'embraser que dépérir. Dark Side of the Moon est le Graal que Pink Floyd a pu chiper au Paradis. En punition, il s'est brûlé les ailes et s'est fâné, mais c'est une autre histoire.
1er septembre 2007
Venise (Italie), 15 juillet 1989.
1973, EMI.