1991, Touch And Go Records
Il se dit que Slint aurait posé avec cet album l'une des toutes premières pierres du post-rock, ce mouvement qui participe plus généralement de l'imaginaire post-apocalyptique et dont la musique, largement instrumentale et sombre, paraît dépeindre des territoires dévastés et de rares survivants désemparés. Cette définition a beau être imparfaite et se rapporter davantage à ce que feront Mogwai ou Godspeed You! Black Emperor qu'à Sigur Rós, elle s'approche d'assez près des ambiances endeuillées de Slint, qui passent le relais entre les désespoirs de Cure et les désolations de Mogwai. Deux certitudes sont en tout cas acquises à l'écoute de ce Spiderland. La première est que post ou pas, c'est bien du rock. Lent, pesant, répétitif, parfois chancelant, mais toujours tiré, poussé ou porté par des guitares hargneuses et une frappe sèche. La voix – plus filet que chant – n'occupe pas un espace démesuré, loin s'en faut, mais contribue tout autant au mal de vivre qui sourd de partout. C'est d'ailleurs la seconde certitude que l'on retient de l'album, à savoir que c'est bien une musique pour les moments où les pensées prennent l'allure d'un labyrinthe infernal, effrayant et douloureux. Il y a éminemment plus printannier que cette atmosphère oppressante. Au point que les arpèges cristallins du triste et magnifique Washer étincelleraient presque comme le givre fondant au pâle soleil hivernal.
7 mai 2017
Londres (Angleterre, Royaume-Uni), le 3 décembre 2013.
Vidéo éditée par Rairun.
1991, Touch And Go Records.