1993, Creation Records
Slowdive a eu le malheur de naître un poil trop tard. Les engouements versatiles de la presse musicale avaient déjà délaissé les envolées aériennes à la Cocteau Twins pour s'enticher de nouvelles vedettes de la britpop – de bons clients pour les journalistes en mal de petites phrases assassines entre groupes rivaux (Pulp, Blur, Oasis) et de mini-scandales grâce à ces mauvais garçons de frères Gallagher d'Oasis, qui en venaient littéralement aux mains. Alors la dream pop calme, patiente et bien léchée de Slowdive, hein... Il fut même un critique pour écrire qu'il préférerait se noyer dans un bain de porridge plutôt que de réécouter Souvlaki. À vrai dire, l'album laisse une impression mitigée, son mélange de pop aérienne et de musique d'ambiance n'étant pas toujours très convaincant. En particulier, le choix d'envahir l'espace de résonances générées par de multiples effets s'avère parfois plus funeste qu'heureux (Alison, Souvlaki Space Station, Melon Yellow). A contrario, cette alchimie osée fonctionne nettement mieux avec les chansons dotées de mélodies plus franches et mieux mises en avant (Machine Gun, Here She Comes, When The Sun Hits). Il n'en reste pas moins que Souvlaki est plutôt attachant par son humeur largement mélancolique – Neil Halstead était encore très affecté, semble-t-il, par la fin de sa romance avec Rachel Goswell. C'est d'ailleurs avec sa seule guitare folk et son chant triste qu'il conclut l'album par un au revoir résigné et touchant à celle qu'il n'a pas su garder (Dagger).
21 mars 2024
Londres (Angleterre, Royaume-Uni), le 29 mars 2017.
Vidéo éditée par TJRamone.
1993, Creation Records.