2014, Soft Limit
« Je voudrais ne pas aimer ce morceau à cause du son Interpol, mais il est décidément trop bon », dit l'un des commentaires apposés à une vidéo d'All The Rage Back Home. Pour une fois, la remarque est sensée et justifiée : ce titre d'ouverture de l'album El Pintor fait partie de ces raz-de-marée sonores et rythmiques qui chamboulent de partout par la beauté de leur violence. Placebo et Luke ont réussi de tels rugissements, Noir désir et Shed Seven s'en sont approchés aussi. Cela dit, Interpol a bien raison de cultiver les déferlantes d'aigu métallique qui caractérisent sa sonorité générale : c'est ce qui le distingue dès les premières notes. Mais le son ne fait pas tout. Si les morceaux de cet album sont plutôt de bonne facture, ils peuvent aussi parfois pécher par trop d'uniformité : jouer tout le temps de la pédale d'effets n'encourage guère la nuance et je trouve cela dommage. D'autant qu'outre l'excellent titre d'ouverture, la chanson suivante, My Desire, ou encore quelques débuts de couplets ici et là (Anywhere, Tidal Wave, My Blue Supreme, Everything Is Wrong) montrent que les New Yorkais s'y entendent parfaitement pour émailler leur son dominant de petits pas de côté généralement intéressants. Mais ils jugent toujours nécessaire de faire suivre la pluie fine des couplets d'un orage dévastateur dans les refrains. Le problème, c'est que l'on ne réussit pas un All The Rage Back Home à tout coup.
1er décembre 2018
Live sur KCRW à Los Angeles (Californie, États-Unis), 29 août 2014.
Vidéo éditée par KCRW.
2014, Soft Limit.