Tostaky (1992, Barclay)
Cette musique n'est pas violente, mais rageuse, révoltée, en colère, écorchée. Et il y a de quoi. Tostaky interpelle directement la honte que chacun d'entre nous cache plus ou moins bien, cette honte d'être en partie responsables d'un monde toujours plus intolérable. Ou tout au moins de rester silencieux lorsque le gros de l'humanité se débat dans la misère, la famine, la maladie et la guerre. Dans le meilleur des cas, on détourne en corner du côté de l'humanitaire. Ecouter Noir Désir, c'est regarder sa conscience dans le miroir et n'en vivre qu'un peu plus mal. C'est bien le moins que l'on doive à tous ceux qui ne peuvent même pas se payer le luxe de l'égoïsme, tous ceux qui se donnent la main pour souffrir et mourir un peu moins seuls, loin de notre coeur.
4 avril 1999
Festival des Vieilles charrues, été 2001.
Textes : Bertrand Cantat. Musique : Noir Désir.
Nous survolons des villes
des autoroutes en friche
diagonales perdues
et des droites au hasard
des femmes sans visage
à l'atterrissage
soyons désinvoltes
n'ayons l'air de rien
Para la queja Mexica
este sueño de America
celebremos la aluna
de siempre, ahorita
Et les banlieues traînent dans la rue
et ils envoient ça aux étoiles perdues
encore combien à attendre
combien à attendre
combien à attendre
encore combien à attendre
Tostaky
Le fond du continent
l'or du nouveau monde
pyramides jetables
hommes d'affaires impeccables
quand la pluie de sagesse
pourrit sur les trottoirs
notre mère la Terre
étonne moi
Para la queja Mexica
este sueño de America
celebremos la aluna
de siempre, ahorita
Pendre les fantômes
Cortez
et pourrir à l'ombre
Cortez
de l'Amérique vendue
à des gyrophares crûs
pour des nouveaux faisceaux
pour des nouveaux soleils
pour des nouveaux rayons
pour des nouveaux soleils
Aqui para nostromos
Tostaky
Bien reçu
tous les messages
ils disent qu'ils ont compris
qu'il n'y a plus le choix
que l'esprit qui souffle
guidera leurs pas
qu'arrivent les derniers temps où
nous pourrons parler
alors soyons désinvoltes
n'ayons l'air de rien