2005, Le Village Vert
Une arrière-salle de cabaret à une heure avancée de la nuit – à moins qu'on ne soit déjà plus proche de l'aube que du crépuscule. L'atmosphère est à l'assoupissement, à l'odeur âcre des cendriers que l'on vide et des verres que l'on débarrasse. Un violon aux accents tziganes, une trompette mélancolique, un piano obsédant, le pas chassé des balais, les doigts qui vibrent sur la contrebasse. Entre langueur et tristesse, la musique de Jack the Ripper embrume l'esprit, brouille le goût amer des existences lasses, alourdit les paupières comme un trop-plein de solitude. Il faut accepter de baisser la garde pour se laisser pénétrer par ces compositions riches et subtiles, ces arrangements délicats et complexes, ce demi-chant susurré ou ces cris qui s'étouffent. C'est à ce prix que l'on peut entendre le talent maudit qu'ont acquis ces cousins des Tindersticks et de Nick Cave pour rendre sublime le plus noir des cafards.
30 novembre 2009
Version originale.
2005, Le Village Vert.