1988, Mute Records Ltd.
Lorsque paraît ce cinquième album studio, Nick Cave et ses Bad Seeds jouissent déjà d'une notoriété certaine, renforcée grâce au film Les ailes du désir de Wim Wenders (1987) où on les voit interpréter deux chansons. En tout cas, le style musical est toujours aussi difficile à cerner. Ce que l'on constate, c'est qu'avec le temps les chansons se font de moins en moins rugueuses. Elles sont encore profondément enracinées dans le rock et le blues, mais le piano est plus présent, les baguettes de la batterie sont parfois troquées contre des balais, les arrangements sont plus riches et mélodiques, le chant commence à prendre des intonations de crooner. Les morceaux de colère et d'urgence restent dévastateurs (The Mercy Seat), mais ils sont désormais dominés par des titres en demi-teinte qui évoquent l'ambiance lasse et glauque d'un bar déserté, à l'heure où la nuit va bientôt laisser la place à l'aube. Ce qui ne change pas, par contre, c'est la noirceur de l'univers dépeint par notre Australien : désespoir poisseux, violence impuissante, désirs malsains, existences sordides, hochets impossibles du pardon et de la rédemption. Chez Nick Cave, on a beau implorer Dieu, c'est toujours le Diable qui se présente.
19 avril 2009
Festival de Glastonbury (Royaume-Uni), 2009.
1988, Mute Records Ltd..