2005, Warp
Nick Talbot est un curieux personnage. Ses lunettes de premier de la classe lui font voir un univers morbide, peuplé de désirs meurtriers et d'envies suicidaires. Par certains aspects, son troisième album me rappelle l'innocence malsaine avec laquelle Black Box Recorder dévoilait l'intimité des âmes cruelles et tourmentées dans England Made Me. Encore qu'il soit impossible de cataloguer Gravenhurst à partir du seul Animals. Ou de tout autre titre pris isolément, car j'aurais très bien pu dire combien le début de Song From Under the Arches m'évoque le désespoir dépouillé de Red House Painters, alors que la fin du même morceau me replonge plutôt dans les ondes sonores d'Archive. En fait, l'album commence rock (Down River et The Velvet Cell, peut-être mon titre préféré), poursuit folk (Nicole) et termine psychédélique (See My Friends). Mais au-delà des styles variés, on retrouve toujours la même composition extrêmement soignée, des arrangements économes et néanmoins parfaitement évocateurs, ainsi qu'un pauvre filet de voix fragile, sensible et magnifique. Nick Talbot est un curieux personnage, probablement très mal dans sa peau, mais c'est un immense musicien.
25 décembre 2009
Milan (Italie), 13 avril 2008.
2005, Warp.