1982, Charisma / Virgin
Il paraît que Peter Gabriel vient de sortir un nouvel album mais j'ai beau chercher, je ne parviens pas à mettre la main dessus. En attendant, cela me donne l'occasion de revisiter son quatrième album solo, dit aussi Security aux États-Unis. Mon préféré, celui de l'accession à la célébrité et plus encore à la respectabilité, juste avant la consécration planétaire que lui apportera So. L'on ne sait où donner de l'oreille dans cette collection de huit morceaux, tous remarquables. Les espaces sonores prennent tout leur temps pour se déployer, avec une sobriété qui révèle d'autant mieux l'importance de chaque instrument – et la richesse avec laquelle ils sont employés. Les percussions sont sourdes et omniprésentes, d'étranges bruits vont et viennent en arrière-plan, des nappes de synthé remontent d'obscures profondeurs abyssales, il arrive que des boucles carillonnantes transpercent ces sombres ambiances, comme un rai de lumière traversant les barreaux d'une cellule. La voix, un peu rauque et magnifique, se fraie des mélodies lumineuses dans ces mondes de peurs, de défaites, de douleurs, et s'envole avec la colombe de la paix jusqu'à des cieux où la terreur et l'oppression ne peuvent plus atteindre les idéaux de liberté. Tout cela pour dire que quand on a réalisé un tel chef d'oeuvre, il est proprement honteux d'oser livrer le paresseux et prétentieux album de reprises pour orchestre Scratch My Back. J'ai évidemment mis la main dessus, mais je préfère refouler ce que j'y ai entendu – ou plutôt ce que je n'y ai pas entendu : un grand artiste qui a eu pour nom Peter Gabriel.
19 avril 2010
Copenhague (Danemark), 1er octobre 1983.
Vidéo éditée par Andrea Bonanni.
1982, Charisma / Virgin.