1980, Charisma
On raconte que Peter Gabriel a refusé de titrer les quatre premiers albums de sa carrière post-Genesis pour mieux signifier qu'ils n'étaient que des étapes d'une oeuvre en évolution. Peut-être. Mais à mon sens, cet album n° 3, également connu sous le petit nom de Melt par les fans, en référence à l'illustration de la pochette, est une charnière essentielle dans la discographie du bonhomme. On y retrouve des morceaux qui ont un air de déjà entendu (I Don't Remember ou le magnifique Family Snapshot, par exemple). Mais viennent aussi s'immiscer des sons nouveaux et torturés à la guitare, des boucles de grelots, cloches et bouteilles synthétiques, les basses frappées du stick de Tony Levin et, surtout, des percussions et des voix d'influence africaine. Avec le recul, il est difficile de ne pas entendre dans la lourde batterie obsédante et les longs accords de guitare d'Intruder ce qui explosera quelques années plus tard avec The Rythm of the Heat et son armada de percussionnistes. Et puis, il y a Biko bien sûr, hymne émouvant à un martyr de la lutte contre l'apartheid qui concluera désormais tous les concerts de Peter Gabriel. L'ambiance très africaine de ce morceau, où l'on entend aussi des déchirements de guitare et un son de cornemuse, laisse penser que la mort de Steve Biko a catalysé deux déclics chez Peter Gabriel : son engagement humanitaire et la découverte des musiques africaines. Ajoutons-y sa fascination pour les nouvelles technologies, et on a les trois piliers sinon de sa sagesse, tout au moins de sa carrière.
18 juillet 2008
Amnesty International Conspiracy of Hope Tour, 1986
1980, Charisma.