1999, Sonica
Le violon est un instrument difficile à manier dans la pop ou le rock. Seul, il grince et crispe (Louise Attaque) ; en orchestre, il se contente de faire la claque d'une émotion qu'on est en train de manquer (la faute à nos oreilles obtuses, sûrement, qui n'entendent rien de la géniale intention des auteurs), ou dope artificiellement un espace sonore que le producteur trouve trop maigrelet pour escalader les charts. Bref, on s'en passerait volontiers le plus souvent. Sur ce, voilà que les Belges de Venus ont le culot de sortir de leurs étuis non seulement un violon, mais également une contrebasse. Et figurez-vous que le plus dingue, c'est que ces cordes frottées et pincées construisent un univers musical à part, moderne et inventif (le violent Ball Room, le contrasté Perfect Lover, l'inquiétant Monster), s'emballent dans des rythmiques échevelées (l'époustouflant Royal Sucker) ou animent un doux clapotis de beauté contemplative, d'émotion et de tristesse (l'émouvant I Am The Ocean). Mais le style de Venus, c'est aussi la transe envoûtante des percussions (l'hypnotique Bass Shivering Bass), le murmure du chant (Out Of Breath) et l'orage électrique des cris (Ball Room). Ce premier album talentueux est tout simplement fabuleux.
22 septembre 2007
Version originale.
1999, Sonica.