1979, EG Records
J'ai eu la dent dure pour le précédent album de UK. C'était injuste car probablement dû au décalage entre le souvenir que j'en avais retenu et la réalité – un souvenir agrégeant aussi une tranche de vie un peu particulière, à la toute fin de mes années de lycée. J'avais en revanche beaucoup moins mémorisé ce deuxième et ultime album du groupe. Entre les deux, Eddie Jobson et John Wetton ont pris la décision de se séparer du guitariste Allan Holdsworth et de remplacer le batteur Bill Bruford, qui l'avait suivi par solidarité, par Terry Bozzio. À l'instar de La Disparition de Georges Perec, c'est ici la guitare qui est donc totalement absente, au profit des claviers et du violon électrique d'Eddie Jobson. Il faut admettre que le résultat est plus que convaincant, grâce à la virtuosité et à l'inspiration de ce musicien hors pair, alliées aux basses impeccables, au sens mélodique et à la chaude voix de John Wetton. Certes, ils cèdent parfois à la facilité : Nothing To Lose pousse quand même un poil trop loin le bouchon de la chanson rock progressive mais populaire, frisant le ridicule ; le long pont de Danger Money va pomper sans vergogne un passage du morceau Red de King Crimson, dans l'album du même nom. Mais dans l'ensemble, ce clap de fin est une réussite, allant du sentimental (Rendezvous 6:02 anticipe carrément ce que fera Sting en solo, quelques années plus tard) aux solos époustouflants de claviers et violon. Quant au supplément d'âme dont je déplorais l'absence dans le premier album, il jaillit ici dans le chant émouvant qui introduit et clôt Carrying No Cross, le morceau de bravoure d'Eddie Jobson, avec pour accompagnement les hoquets d'un orgue filtré par quelque chose de l'ordre du flanger.
4 juin 2022
Festival Cruise to the Edge à Fort Lauderdale (Floride, États-Unis), le 29 mars 2013.
Vidéo éditée par BigandsmallH.
1979, EG Records.