1988, EMI
Rendue confiante par le succès des albums précédents de Talk Talk, la maison de disques laissa généreusement carte blanche au groupe pour préparer la suite que voici. Pourtant, quelques bizarreries dans The Colour of Spring auraient dû lui mettre la puce à l'oreille. En tout cas, Mark Hollis et son pote Tim Friese-Greene – quasiment quatrième membre du groupe – ont profité de l'aubaine artistique et budgétaire pour enfin dévoiler ce qu'ils n'avaient qu'esquissé jusque-là. Finie la pop facile, adieu les hits, bye bye radios et télés ! À la place de couplets et refrains enlevés, le rideau s'ouvre sur de délicates ambiances dessinées par des cuivres, des cordes, des instruments à anche, des silences et un murmure de chant qui prennent amplement le temps de lier connaissance puis de faire un bout de chemin ensemble, histoire de colporter la parole d'un Mark Hollis en pleine quête spirituelle. On entend des échos de jazz, le souffle religieux d'un orgue, l'introspection contemplative d'une âme s'enquérant du plus court chemin vers le paradis. C'est beau comme l'arc-en-ciel après la pluie, libre comme l'ange, vaste comme le désert, changeant comme le nuage poussé par le vent. Et totalement inclassable. Comme il se doit, cette magnifique méditation musicale fut aussi un superbe échec commercial et la maison de disques jura – mais un peu tard – qu'on ne l'y prendrait plus.
18 août 2008
Version originale.
1988, EMI.