1986, EMI
Dès les premières mesures de Happiness Is Easy, on sent que quelque chose a changé dans la musique de Talk Talk. Les pulsations de la batterie, les accords de guitare et de piano, la contrebasse... Il est évident que des amertumes venues du jazz s'immiscent dans une pop jusque-là plutôt enlevée. Elle est toujours présente, du reste, avec quelques grands succès populaires (Life's What You Make It, Living In Another World). Mais elle cohabite avec d'autres ambiances où dominent la sobriété et la retenue, où la pause prend autant de sens que la note jouée, où une certaine fragilité gagne les mélodies, où la voix de Mark Hollis se fait plus poignante que jamais quand y percent des sanglots de fatalité et de tristesse (le magnifique I Don't Believe In You). N'empêche : sur le moment, on pouvait trouver des morceaux comme April 5th et Chameleon Day très déroutants, voire quelque peu incongrus. Avec le recul, on sait qu'ils annonçaient très clairement la voie de plus en plus intimiste et monastique qu'emprunterait le groupe.
10 avril 2008
Festival de jazz de Montreux (Suisse), 11 juillet 1986.
1986, EMI.