1984, EMI
Synthés et basse en première ligne, batterie électronique, guitare humble : la musique pop FM des années 1980 est aisément reconnaissable. Bien que je n'en garde aucun souvenir, il me paraît peu probable de ne pas avoir entendu un groupe comme Duran Duran à l'époque, mais c'est l'ambition musicale des Tears For Fears qui m'est restée en mémoire parmi les tenants du genre outre-Manche. La France a bien sûr suivi le mouvement avec plus ou moins de bonheur, entre l'audace d'un Alain Bashung (Figure imposée, Passé le Rio Grande, Novice) et le gros tube de variété devenu intemporel (Images et ses Démons de minuit). Propulsé sur le devant de la scène grâce au succès des chansons Such A Shame et It's My Life bien dans l'air de ce temps-là, Talk Talk reste cependant un cas à part, fort peu de groupes ayant bifurqué aussi radicalement du sillon qu'ils semblaient s'être sûrement tracé. S'entendent d'ailleurs déjà dans cet album des orchestrations, des harmonies et des mélodies bien plus travaillées et étranges que ce qu'en a retenu la mémoire populaire (les formidables lignes de basse fretless, les sonorités inventives des synthés, la trompette de Tomorrow Started, le piano de Call In The Night Boy, la guitare acoustique de The Last Time...). Il me reste surtout l'image éternelle d'un Mark Hollis retranché derrière ses lunettes noires, les cheveux blonds volant en tous sens et les mains agrippées au micro pour chanter de toute son âme It's You.
21 février 2021
Festival de jazz de Montreux (Suisse), 11 juillet 1986.
Vidéo éditée par Mystic Plug Records.
1984, EMI.