1976, Virgin Records
On peut aimer tripatouiller les synthétiseurs sans être un adepte forcené de la musique électronique. À vrai dire, le genre me laisse plutôt froid quand il s'agit de musique d'ambiance ou d'atmosphère – voire de peur stratosphérique, pour reprendre l'excellent titre de cet album. Aussi la présence de Tangerine Dream dans ma discothèque, non loin de Klaus Schulze et de Mike Oldfield, résulte-t-elle d'un malentendu : j'étais encore lycéen, je connaissais leur nom, je ne voulais pas mourir idiot et la pochette m'a plu. Voilà. Cela dit, le trio allemand livre ici une musique électronique plutôt complexe et ambitieuse, que l'on pourrait qualifier de « progressive » d'abord par la longueur étirée des morceaux, ensuite et surtout par le souci de la mélodie et de la variation qui les caractérise. Sans oublier des réminiscences de musique classique ici ou là. Un autre trait distinctif tient à l'emploi de « vrais » instruments comme la guitare, la basse ou le piano, venant humaniser les boucles rythmiques, les nappes et les solos produits par les synthés. Un son de flûte – instrument alors très en vogue dans le rock progressif – revient aussi comme un leitmotiv tout au long de l'album. Cette orientation progressive explique probablement que le premier mixage de l'album ait été confié au batteur de Pink Floyd, Nick Mason, avant que l'idée ne capote pour d'obscures bisbilles avec la maison de disques Virgin. En tout cas, cette évolution musicale de Tangerine Dream par rapport à son purisme expérimental antérieur lui a valu une certaine faveur du public. Malgré tout, cet album me laisse autant sur ma faim que la plupart des œuvres électroniques instrumentales, arrivant et repartant discrètement, sans laisser de souvenirs impérissables, à l'image des arpèges aériens de guitare qui ouvrent et referment le morceau Stratosfear.
22 mai 2023
Eberswalde, près de Berlin (Allemagne), le 1er juillet 2007.
Vidéo éditée par mindchild.
1976, Virgin Records.