1993, 4AD
Surnommé The Bridge pour le distinguer du précédent qui n'avait pas non plus de titre, cet album reprend essentiellement des morceaux qui avaient été enregistrés en même temps. Comme à son habitude, Mark Kozelek convoque souvenirs et rêves, âmes blessées et destins solitaires, amours impossibles et suicides en sursis. Tout un disque de joie et d'allégresse, donc, sur un tempo lent, des arpèges mineurs, une basse peu diserte et des percussions claudiquantes. On y retrouve aussi New Jersey ici en version électrique, ainsi que deux reprises surprenantes : I Am A Rock de Simon and Garfunkel, fortement ralentie et réarrangée, et l'hymne national américain, totalement méconnaissable. Blindfold est la seule chanson à s'échapper non de la neurasthénie, mais d'arrangements faussement calmes, avec une deuxième partie s'envolant vers des cieux carrément bruitistes. Bien que l'émotion s'émousse un peu, cet album reste dans la veine des deux premiers, avec en particulier les mélodies émouvantes d'Evil et de Bubble et la longue jérémiade d'Uncle Joe (1).
9 janvier 2021
(1) Mark Kozelek a réussi à placer le nom du groupe à la fin de quatre vers de cette chanson : « And I not very well read / And did you say that I will lose my house / And can you spare me of my pain / And can you spare me of my tears ».
Washington D.C. (États-Unis), le 29 novembre 1996.
Vidéo éditée par angelbytheoceanimiss.
1993, 4AD.