1993, 4AD
Mark Kozelek est un homme triste. Qu'il soit seul ou en groupe (Red House Painters, Sun Kil Moon), il poursuit inlassablement une introspection douloureuse, attentif au grand nuancier des sentiments produits par la perte, l'absence, la rupture, la solitude, la mort... On doit lui reconnaître un certain don pour transcrire une telle joie de vivre dans sa production musicale. À commencer par les pochettes de ses albums, qui souvent illustrent ce qui n'est plus avec les couleurs jaunies du temps qui passe (ici, un parc d'attraction délabré). Evidemment, la musique suit, aussi entraînante qu'une procession funéraire, aussi lumineuse qu'une chandelle vacillante dans le vent. Arpèges somnolents, batterie claudiquante, mélodies plaintives... Katy Song en est probablement l'exemple le plus accessible mais dans le genre, je me demande si ma préférence n'irait pas au remarquable Funhouse, monument de tristesse contemplative et désabusée qui bascule dans la violence avant de s'achever par un curieux pied-de-nez ironique.
16 juin 2007
Version originale.
1993, 4AD.