2003, Virgin Records
Le propre de la musique, c'est d'être faite pour l'oreille. Cela évite en particulier de se laisser distraire par la réputation sulfureuse qui suit (ou précède, c'est selon) certains groupes qui, comme Placebo, prennent un malin plaisir à mélanger les genres (au sens propre) et à jouer de l'ambiguïté sexuelle à travers leur look, les pochettes de leurs albums, leurs interviews ou leurs clips vidéo. L'attitude n'est du reste pas nouvelle et de bien plus célèbres que le trio londonien se sont de tout temps amusés à brouiller les apparences (leur mentor David Bowie à la grande époque du glam rock, par exemple). Si l'on ferme les yeux, donc, on entend un rock énergique (guitares, basse et batterie à fond) et mélodique (harmonies soulignées par quelques notes de synthé bien senties, chant simple et facile à mémoriser). Des bruits divers ajoutent un peu d'électro à cet album (English Summer Rain, I'll Be Yours) qui va du rock pur et dur (l'instumental d'ouverture Bulletproof Cupid, le puissant The Bitter End, espèce de grande brute sentimentale dont je ne me lasse pas) à des atmosphères plus pop-rock (Special Needs, le tube Protect Me From What I Want) ou ouvertement mélancoliques (Sleeping With Ghosts avec sa basse superbe, Centrefolds). Oui, si l'on ferme les yeux, Placebo fait de l'effet pour ce qu'il sait faire : de l'excellent rock.
9 mai 2008
Cologne (Allemagne), 12 mars 2003.
2003, Virgin Records.