1970, EMI Records Ltd
Les Pink Floyd eux-mêmes avouent que ce cinquième album studio est une étrangeté qui ne les a menés nulle part. Deux parties bien distinctes le composent : la pièce maîtresse Atom Heart Mother, co-écrite avec le musicien Ron Geesin, et une suite de titres beaucoup plus anodins écrits par les uns et les autres, se clôturant par le clin d'oeil humoristique Alan's Psychedelic Breakfast. Autant j'adore la première, qui occupait toute la première face du 33 tours d'origine, autant tout le reste me laisse froid. Mais en apprenant le décès de Richard Wright (15 septembre 2008), qui tenait les claviers, j'ai eu envie de réécouter Atom Heart Mother pour honorer sa mémoire : le morceau est complexe, l'orchestration sublime et très audacieuse (ensemble de cuivres, chorale, bruits...), le thème générique est tout simplement beau et puissant. Mais ce que j'y préfère, c'est ce petit passage qui suit l'exposition du thème principal, où les arpèges d'orgue de Rick Wright se retrouvent seuls avec un alto qui déploie une merveilleuse mélodie. Le son de l'orgue est parfait, l'harmonie est riche, le rythme adopté pour la première série d'arpèges est très malin et contraste admirablement avec le doux glissando du violon. L'apport de Richard Wright était généralement tout en atmosphères, en tapis d'orgues et de synthés, discrets mais essentiels au « son » Pink Floyd. On l'entend plus clairement à l'oeuvre dans Atom Heart Mother et je préfère garder ce souvenir dans les oreilles plutôt que celui de Sysyphus, le long et pénible machin mi-classique mi-contemporain qu'il a composé pour Ummagumma.
2 octobre 2008
Extrait, Saint-Topez (France), 1970.
1970, EMI Records Ltd.