1999, Cyclops
Pour ce premier album solo du sieur Bruce Soord sous le nom de Pineapple Thief, la maison de disques Cyclops souhaitait que les acheteurs potentiels puissent faire le lien avec son groupe Vulgar Unicorn. Elle a donc changé le titre initial Abducted At Birth en Abducting The Unicorn. Il faudra attendre 2017 pour que l'album soit réédité par Kscope avec une autre pochette et sous son vrai titre, cette fois. Pineapple Thief finira aussi par devenir un groupe mais pour l'heure, c'est le seul Bruce Soord qui est aux commandes de pratiquement toute l'œuvre, depuis sa composition jusqu'à son enregistrement, du fin fond de sa petite ville frontalière entre les comtés de Somerset et du Dorset. Le seul qualificatif qui me soit venu à l'esprit en découvrant cet album, c'est « remarquable », tant par la qualité des compositions et des arrangements que par celle de sa production, pourtant très solitaire. Ce rock, que l'on peut appeler « progressif » faute de mieux (on y entend parfois des échos de Radiohead, de Steven Wilson ou des Smashing Pumpkins), repose fondamentalement sur la guitare. Acoustique ou électrique, elle évite soigneusement de tomber dans la facilité des gros accords ou de la saturation extrême. Non : la guitare de Bruce Soord est mélodie, harmonie, contrechant, arpège, riff, volute, nuage, solo de transition ou solo héros. C'est elle et elle seule qui installe et fait évoluer l'atmosphère de chaque morceau. Certes, il faut apprécier les longs développements instrumentaux pour ne pas décrocher des 12 minutes de Private Paradise ou des 18 minutes de Parted Forever. Mais Bruce Soord sait parfaitement y faire pour structurer ses chansons et les orchestrer de manière à garder l'attention toujours en éveil, tout comme les écrivains savent clore un chapitre sur une phrase ne pouvant qu'inviter à poursuivre la lecture avec avidité. En vérité, l'album se dévore avec le même délice qu'une saga.
7 décembre 2025
Version originale.
Vidéo éditée par Kscope.
1999, Cyclops.