1967, Track Record / 2009, Sony Music
Bon, on va se faire tout petit pour écrire sur l'un des plus grands guitaristes et l'un des plus grands albums de tous les temps du rock. D'abord rendre à César ce qui lui appartient : cet album est signé non du seul Jimi Hendrix, mais de son groupe britannique Jimi Hendrix Experience, comprenant le bassiste Noel Redding et le batteur Mitch Mitchell. Pour être honnête, il faut souligner qu'au-delà de leurs qualités de musiciens, ils ont surtout servi de faire-valoir à leur guitariste-star : à cet égard, la couverture de la pochette est très révélatrice. En réalité, ils jouaient ce qu'on leur dictait et avaient-ils quelque suggestion qu'elle était superbement ignorée par le manager et producteur Chas Chandler. Ce dernier avait d'autres chats à fouetter : il misait gros financièrement sur un Jimi Hendrix qu'il avait fait venir de New York à Londres à ses frais et surveillait d'autant plus les dépenses d'enregistrement qu'il ne pouvait pas toutes les avancer. Enregistrement qui a réservé son lot de désagréments au personnel des studios mais aussi au voisinage : fidèle à son habitude, Jimi Hendrix n'entendait pas jouer autrement qu'en réglant à fond son double-ampli Marshall. Il fallait aussi gérer une affluence jamais vue de groupies qui se pressaient aux portes des studios. En dépit de ces conditions rocambolesques, le résultat a été plus qu'à la hauteur des espérances : l'album a littéralement cartonné, tant en Angleterre qu'aux États-Unis, avant d'être reconnu au fil des décennies comme l'un des plus grands albums rock. Par son mélange des influences d'abord, puisque l'on y entend à la fois du rock pur et dur, du rock psychédélique, du blues, de la soul et même un peu de free jazz. Par la qualité d'écriture ensuite, plusieurs titres étant devenus des tubes (Purple Haze, Hey Joe de Billy Roberts, Foxy Lady, The Wind Cries Mary). Par le jeu de guitare novateur de Jimi Hendrix enfin. Gaucher, il utilisait souvent des guitares de droitier dont il montait les cordes à l'envers, ce qui transformait quelque peu la sonorité naturelle des cordes basses et aiguës. Surtout, il est l'un des premiers à avoir adopté les effets comme partie intégrante du son de la guitare électrique, là où ses contemporains n'y recouraient qu'avec prudence : la distorsion bien sûr, mais aussi le fuzz, la wah-wah, l'octavia... En fait, cet album a tout bonnement popularisé une nouvelle manière de jouer de la guitare électrique et de faire sonner le rock, posant un jalon essentiel dans l'évolution de ce genre durant les années 1960, dans la foulée des Shadows, Beatles, Rolling Stones, Who, Pink Floyd, Velvet Underground et autres Doors.
5 mai 2024
Londres (Angleterre, Royaume-Uni) pour l'émission TV allemande Beat Club, le 2 mars 1967.
Vidéo éditée par Beat-Club.
1967, Track Record / 2009, Sony Music.