1990, Beggars Banquet
Dans l'Ancien testament, les Nephilim sont des géants dont on dit qu'ils sont de la lignée des anges déchus. Quelques milliers d'années plus tard, on les confondrait sans problème avec les très méchants et très mauvais garçons d'Il était une fois dans l'Ouest. Qu'il soit rapide ou lent, leur rock peut être volontiers qualifié de planant. Mais à la différence des Pink Floyd, qui passent leur temps à lustrer leur son et à en éliminer toute trace d'impureté, les Fields of the Nephilim assument sans complexe aucun toute la crasse et la poussière que le rock accumule depuis ses origines. Et s'ils ont choisi Andy Jackson comme producteur, ce n'est pas pour qu'il leur serve les célestes luminosités d'un Gilmour, mais pour qu'il mette sa science des grands espaces sonores au service d'un rock beaucoup plus sombre. Il y a donc deux guitares qui équilibrent en permanence la musique, l'une lumineuse et éthérée, l'autre qui patauge pesamment dans la glaise dont on fait les golems. Je ne comprends pas pourquoi la critique a toujours gardé ses distances avec eux. Considéré comme leur chef d'oeuvre, Elizium est un étrange refuge, hors du temps, où l'on assiste au combat entre anges et démons, entre les forces de l'air et celles de la terre. En dépit du chant caverneux de Carl McCoy, je pense que l'air finit par avoir le dessus. Mais comme toujours avec les gothiques, il n'est pas si évident de distinguer le bien du mal, le gagnant du perdant.
10 avril 2010
Athènes (Grèce), 21 mars 2008.
1990, Beggars Banquet.