2017, Tough Love Records
C'est une opinion strictement personnelle, mais je trouve que les chansons pop sont souvent trop : trop prévisibles, trop arrangées, trop démonstratives, trop paresseuses. Aussi est-ce une heureuse suprise que d'écouter les Cymbals proposer une musique pop un peu plus posée et réfléchie que la moyenne. La surprise vient aussi de ce que cet album Light In Your Mind tourne le dos à un passé de new wave électro évoquant fortement le début des années 1980 (The Age Of Fracture, 2013). Y aurait-il eu du changement chez ce groupe londonien pour qu'il s'oriente ainsi vers d'autres horizons musicaux ? Oui, et ils n'en font pas mystère : ébranlé par ses addictions, son divorce et le départ de trois musiciens laissant le groupe à l'état de duo, le chanteur et guitariste Jack Cleverly confie avoir voulu se concentrer sur une écriture plus intimiste et délicate. Avec la fidèle complicité du claviériste Dan Simons (l'autre pilier du duo, qui a l'immense mérite de ne pas céder aux facilités convenues des nappes atmosphériques), il livre ces chansons pop et pop-rock extrêmement soignées. D'abord faussement sautillantes (Decay, Car Crash, Talk To Me), elles se font de plus en plus sensibles, jusqu'à laisser un sillage de mélancolie, voire de tristesse (I Thought I Knew You, l'intermède instrumental Euphoric Recall, Fully Automated Luxury, Lifetime Achievement Award). La citation de Marguerite Yourcenar qui figure au dos de la pochette résumerait presque le sentiment que l'on peut ressentir lorsque les dernières notes s'évanouissent : « La nature, comme l'homme, crée de beaux objets inutiles. » (1) Un bel album ? Absolument. Inutile ? Bien sûr que non.
23 septembre 2024
(1) Un homme obscur (1981, Gallimard).
Birmingham (Angleterre, Royaume-Uni) le 7 mai 2017.
Vidéo éditée par Trevor Cobbe.
2017, Tough Love Records.