1982, Fiction Records
Chacun a son ange tutélaire. Le mien a les traits et la personnalité de Corto Maltese, aventurier romantique dessiné par Hugo Pratt. Son allure et son occupation sont toutefois celles du musicien Robert Smith, fondateur de Cure, tel qu'il est saisi aux trois-quarts de dos sur une fameuse photographie, tout de noir vêtu, cheveux désordonnés et guitare pendante (1). J'y vois le totem du rocker seul et fragile dans la célébrité. La trilogie pour suicidaires qu'il finit de décliner avec Pornography, sur tous les tons anthracite et aile de corbeau de son costume, s'est imposée comme mètre-étalon de la new wave. Dans ce chant du mal-être, déjà exploré en vers plus d'un siècle auparavant par des poètes maudits comme Charles Baudelaire, Paul Verlaine ou Arthur Rimbaud, The Figurehead est le morceau le plus sombre, avec son magnifique motif de guitare planante et de batterie lancinante. Il devance de peu A Strange Day et son émouvante ascension de guitare vers la rédemption. Cet album est assurément l'une des meilleures épitaphes musicales que je connaisse, qui vous achève au jardin des pendus si vous avez survécu aux 17 secondes de noyade qui l'ont précédé.
28 octobre 2018
(1) Ce cliché dont je n'ai pas réussi à trouver l'auteur, décliné depuis en poster, illustre la pochette du single remixé Boys Don't Cry, paru en 1986 chez Fiction Records.
Bruxelles (Belgique), le 3 février 2000.
Vidéo éditée par vhernandezo.
1982, Fiction Records.