La Tchétchénie interdira à compter du 1er juin 2024 toute musique dont le tempo n'est pas conforme à une « norme » qu'elle vient d'édicter.
Le Métronome de Salvador Dali (1944), conservé au musée Boijmans Van Beuningen de Rotterdam (Pays-Bas).
Photo : Wim Hoppenbrouwers / Creative Commons (by-nc-nd).
Même si elle demeure encore loin derrière les champions toutes catégories que sont l'Iran et l'Afghanistan, la Tchétchénie n'en redouble pas moins d'efforts pour progresser dans le classement des pays où il fait bon vivre l'alliance de l'obscurantisme religieux et de la dictature brutale, le tout sous l'appellation cocasse de « république » alors que le pays est inféodé à Moscou. Toujours est-il que les gouvernants tchétchènes et russes partagent la même aversion pour un Occident forcément « dégénéré » – un terme qui, dans leur bouche, veut dire notamment « où les homosexuels ont droit de cité ». C'est donc pour mieux chasser l'influence culturelle néfaste que pourrait avoir l'Occident sur ses ouailles que la Tchétchénie vient de décider de bannir toute musique dont le tempo n'est pas compris entre 80 et 116 battements par minute. Ce qui revient à exclure une bonne partie des musiques typiquement occidentales que sont la pop, le rock et la techno, trop rapides et, pour la dernière, soupçonnée d'être en vogue chez les « dégénérés ». Bon nombre d'œuvres classiques seront du même coup interdites, tels les adagios et les allegros. Après, on ne peut pas penser à tout : à moins d'une exception, l'hymne russe devrait lui aussi faire les frais de cet ostracisme puisque son tempo n'est que de 76 battements par minute.
4 mai 2024
Sources : toute la presse, par exemple La Tchétchénie interdit la musique qu'elle juge « trop rapide ou trop lente » (Maxime Poul, Le Parisien, 8 avril 2024).