Les musiques qui donnent envie de danser seraient celles qui suivent un rythme un peu syncopé. Question : les chercheurs qui font cette observation ont-ils bien étudié toutes les facettes du sujet ?
Photo : Sarah Ross / Creative Commons (by-nc).
Avis aux compositeurs : pour faire bouger les foules, rien de tel qu'une bonne vieille syncope, à condition de ne pas en abuser non plus. Et si d'aventure des non-musiciens s'offusquaient de ce que l'on puisse ainsi préconiser de provoquer des malaises, qu'ils sachent que la syncope désigne aussi un procédé musical consistant à accentuer une note sur un temps faible et à la prolonger sur le temps fort suivant, ce qui produit un décalage par rapport à la perception du rythme, instinctivement basée sur les temps forts. Cette importance de la syncope résulte d'une étude menée par une équipe de scientifiques français et américains qui tentent de comprendre : 1) pourquoi certaines musiques donnent plus envie de danser que d'autres ; 2) quels sont les mécanismes cérébraux qui déclenchent cette envie de danser. Sur le deuxième point, véritable objectif de leurs travaux, il semble qu'ils aient accompli un pas. Sur le premier point, peut-être y aurait-il de quoi affiner un peu en accueillant des musicologues dans l'équipe. Car sauf à n'y rien comprendre, il n'est pas nécessaire de syncoper un rythme pour donner une furieuse envie de danser : qui ne l'a pas ressentie en vibrant aux percussions africaines, aux battements rapides du flamenco, aux temps forts soigneusement accentués de la bourrée ou encore au « beat » le plus simpliste qui soit de la techno ?
27 mars 2024
Sources : Le cerveau au rythme du groove ou pourquoi la musique nous donne-t-elle envie de danser ? (communiqué de l'Inserm, 6 mars 2024) ; Neural dynamics of predictive timing and motor engagement in music listening (Arnaud Zalta, Edward W. Large, Daniele Schön et Benjamin Morillon, Science Advances, 6 mars 2024).