Red (1974, EG Records)
Starless est un grand morceau de King Crimson. Un grand morceau tout court. Je ne sais toujours pas si sa rencontre fut néfaste ou rédemptrice. Je sais seulement qu'elle fut essentielle. Au point d'en conserver intactes les circonstances (*). Et de ressortir cette bible noire de son écrin de souvenirs, quand le soleil couchant dore les yeux de nostalgie et que le sourire de l'espérance se fait soudain aussi vide et cruel qu'une nuit sans étoiles.
(*) C'était un de ces groupes lycéens de rock progressif comme il y en avait des tonnes dans les années soixante-dix. Son nom, Skryvania, était aussi pompeux que sa musique mais son préposé aux claviers était assez bon techniquement et faisait toujours naître une pointe de jalousie en moi. Ce groupe donnait donc un concert auquel nous traînions avec des copains. Soudain, deux accords mineurs à l'orgue, superbes et tristes, suivis de quelques notes envoyées au ciel par la guitare – mélodie toute simple et divine. En vingt secondes, j'étais profondément sonné, ému et fébrile. J'avais seize ans, des chagrins par-dessus la tête et une musique me parlait enfin de ma vie.
30 avril 2007
Takamatsu (Japon), 19 décembre 2015.
Vidéo éditée par King Crimson.
Textes : Richard Palmer-James. Musique : David Cross, Robert Fripp et John Wetton.
Sundown dazzling day
Gold through my eyes
But my eyes turned within
Only see
Starless and bible black
Ice blue silver sky
Fades into grey
To a grey hope that oh yearns to be
Starless and bible black
Old friend charity
Cruel twisted smile
And the smile signals emptiness
For me
Starless and bible black