1974, Atlantic
Finalement, les groupes qui donnent ses lettres de noblesse au rock progressif sont bien moins nombreux que les légions de ceux qui le font détester à force de grandiloquence, d'imitation malvenue du classique et, disons-le, de trop de technique et pas assez d'harmonie. Yes est loin d'être innocent pour ce qui est de la prouesse technique. Ce septième album montre encore de bout en bout que tous ses membres sont carrément balèzes, y compris le petit nouveau Patrick Moraz, qui succède à un Rick Wakeman parti justement faire du mal en solo au rock progressif. Nous revoici donc avec un de ces assemblages épiques de moult morceaux de bravoure dont le groupe a le secret. Je me suis toujours demandé comment l'équilibre fragile de toutes ces notes, de tous ces sons et de tous ces rythmes venus de partout à la fois parvenait non seulement à ne pas s'écrouler, mais surtout à former des morceaux ma foi excellents. Complexes, longs, atypiques, mais aussi puissants, mélodiques, voire beaux tout simplement (si j'ose dire). À cet égard, Les Portes du délire portent tout l'art de Yes à son apogée, qu'il s'agisse des chassés-croisés endiablés de la guitare, de la basse et des claviers ou de la beauté à couper le souffle du thème final, connu sous le nom de Soon. Cet album m'inspire toujours un peu de nostalgie car je trouve que le groupe n'a fait que se caricaturer depuis.
31 août 2008
Londres (Royaume-Uni), 1975.
1974, Atlantic.