1970, Atlantic Records
Personnellement, je n'aurais pas parié sur un avenir radieux de Yes sur la foi de ce machin plutôt mal fichu qu'est son deuxième album. L'orientation musicale hésitante y est déroutante. Je ne parle pas des clins d'œil qu'il envoie de temps à autre (1). Non, c'est surtout l'impression de patchwork décousu que je trouve perturbante, renforcée par des arrangements et un mixage pour le moins discutables. Recourir à un orchestre pour avoir un « gros son » ne s'avère pas être une idée si formidable que cela. Et confiner la batterie dans un arrière-plan discret empêche précisément de gonfler le son grâce au jeu de Bill Bruford. Certes, la basse délirante de Chris Squire occupe bien le devant de la scène – davantage que la guitare de Peter Banks, d'ailleurs – mais cela ne suffit pas à insuffler de l'âme à des morceaux alambiqués, sans cesse parcourus de pleins et de déliés, d'accélérations et de ralentissements – de vraies montagnes russes ! The Prophet résume jusqu'à la caricature la gêne de cet album : de la prouesse technique, oui, mais qui ne mène nulle part. Quant à Clear Days, c'est à se demander en quoi Jon Anderson tient à s'encombrer d'un groupe. Du reste, cette production s'est conclue par un divorce, le guitariste Peter Banks n'appréciant pas du tout le mélange des genres entre le rock – fût-il progressif – et l'utilisation d'un orchestre classique. De ces huit titres étranges, c'est finalement Astral Traveller qui préfigure le mieux la voie que choisira finalement Yes.
14 décembre 2019
(1) Le thème du western The Big Country de William Wyler dans No Opportunity Necessary, No Experience Needed, l'insertion à la guitare de Jésus, que ma joie demeure de Jean-Sébastien Bach dans Everydays. Ces deux morceaux sont d'ailleurs des reprises, respectivement de Richie Havens et de Buffalo Springfield.
Vidéo clip original.
Vidéo éditée par hiroko1007.
1970, Atlantic Records.