1985, Mercury Records
J'étais parti pour chroniquer un album du regretté Jason Molina, dans sa période Songs: Ohia, avant de me raviser. En cette période de confinement général pour cause de pandémie mortelle au coronavirus, enfoncer le clou du marasme en se plongeant dans l'univers dépressif de cet auteur-compositeur américain n'est peut-être pas la meilleure idée qui soit. D'où le choix des Tears For Fears et de leur album le plus célèbre. Non pas que je prenne leur production à la légère, mais leur approche des synthés, sur lesquels se fonde grandement leur musique pop-rock, est quand même autrement plus ensoleillée que celle de leurs compatriotes de Depeche Mode, ambiguë, sombre et tourmentée. Ici, les sonorités de Listen sont une éclaircie bienveillante et apaisante, le rythme entraînant d'Everybody Wants To Rule The World nimbe l'atmosphère d'une insouciance heureuse, la suite plus rock de Broken et de Head Over Heels / Broken confirme leur talent de mélodistes et d'arrangeurs nés pour chasser les idées noires. Et il y a bien sûr le tube planétaire Shout, qui combine toutes ces qualités, plus celle d'avoir su saisir l'air du temps des années 1980 et lui donner une parfaite signature sonore dans une synthèse habile de new wave, de pop et de rock. Je distingue déjà des puristes intransigeants qui s'apprêtent à ricaner : écoutez bien plutôt la construction de ce morceau, sa mélodie, ses percussions et arrangements avant de le prendre de haut. Il donne une bonne leçon sur l'art d'emmener la qualité vers le succès populaire.
22 mars 2020
Anvers (Belgique), 3 ou 4 novembre 2006.
Vidéo éditée par ogmuk.
1985, Mercury Records.