1970, A&M Records
J'aime bien les premiers albums. Ils dévoilent ce qui agite la tête et les tripes de leurs auteurs avant qu'ils n'évoluent avec le temps, le métier, la célébrité et leur propre envie de s'étoffer. Prenons Supertramp, qui a connu le succès planétaire pendant une dizaine d'années, en gros entre 1974 et 1983. Je me rappelle encore l'étonnement ravi que j'ai eu en écoutant leur premier album. On ne peut pas dire qu'il n'ait rien à voir avec les tubes d'Even in the Quietest Moments et de Breakfast in America qui passaient en boucle à la radio, car l'air de famille saute quand même aux oreilles. Mais cela fait tellement plaisir d'entendre que nos super clodos ne sont pas nés avec les grosses ficelles et les recettes faciles qui les ont rendus riches ! Leur première oeuvre brode timidement de jolies harmonies sur un rock progressif tout en délicatesse et en nuances. Le son est un peu lointain, mais on entend que mieux la richesse des arrangements, les audacieux sautillements de la basse, l'utilisation remarquable de l'orgue, les doux arpèges de la guitare, la finesse des percussions et les voix, magnifiques. L'album sera un échec commercial total ; le batteur Robert Millar et le guitariste Richard Palmer (1) s'en iront vers d'autres horizons ; Richard Davies et Roger Hodgson sauront mener le groupe jusqu'aux plus hautes cimes de la gloire... N'empêche que toute la fraîcheur et le talent de Supertramp sont là, dans cette oeuvre de jeunesse, sublime et intemporelle.
1er mai 2009
(1) Oui, c'est bien le Richard Palmer-James qui va ensuite rejoindre King Crimson comme parolier.
Version originale.
1970, A&M Records.