1987, Caroline
Les Cygnes ont repris du service en 2010, après une séparation de plus de dix ans. Drôle de nom, en vérité, mais il paraît que le leader, Michael Gera, l'a choisi pour la face majestueuse des bestioles et l'envers de leur caractère absolument épouvantable. Vu le comportement du bonhomme sur scène, qui n'hésitait pas à s'en prendre physiquement à ceux dont la tête ne lui revenait pas, je comprends la deuxième caractéristique. La première me semble en revanche plus obscure, si j'en juge par leur musique, aussi avenante, martiale et répétitive qu'une armée en marche. Il se dit pourtant que cet album marquerait une évolution vers un rock moins radical, grâce à l'influence de la chanteuse et claviériste Jarboe, arrivée deux ans plus tôt. Le fait est que certains titres accordent quelques instants de calme, voire de douceur (In My Garden, Blackmail). Mais pour l'essentiel, ce sont toujours les mêmes accords agressifs de guitare et les mêmes coups violents assenés sur la batterie qui rythment le même chant d'outre-tombe – si tant est que l'on puisse considérer comme un chant le fait de scander des suite de mots au double sens généralement abscons et sans mélodie aucune. On l'aura compris, les Swans ne font pas d'effort particulier pour se mettre à la portée du commun des mortels, optant pour un rock sombre, difficile d'accès et pénible à endurer à trop fortes doses. La palme revient selon moi à Beautiful Child, à côté duquel les éructations kobaïennes de Magma passeraient pour une berceuse. Il est toutefois des morceaux qui témoignent d'une sorte de compromis entre le crachat de lave visqueuse et le gentil clapotis d'un ruisseau : You're Not Real, Girl, qui me rappelle un peu Minimal Compact par le son, ou Real Love et Children Of God qui vont jusqu'à offrir (un peu) d'harmonie et de mélodie.
5 janvier 2014
Version originale.
Vidéo éditée par southern9003.
1987, Caroline.