1994, Polydor
On les a comparés (opposés) à Oasis. Finalement, ce sont les bêtes et méchants frères Dalton (pardon : Gallagher) qui sont passés à la postérité. Injustice ? Pas seulement. Je me rappelle l'immense déception que j'ai éprouvée en écoutant le deuxième album de Shed Seven, acheté sans même réfléchir pour y retrouver toute la jouissance que m'avait procurée ce Change Giver. Ce n'est même pas de différence dont il convient de parler, mais de gouffre intersidéral : comment quatre types aussi prometteurs ont-ils pu se perdre si rapidement dans le banal et l'insipide ? Ils avaient pourtant un son unique, avec une batterie inventive et une guitare d'une rare habileté, toujours sautillant d'arpèges pressés en accords cristallins. La plupart des chansons de l'album sont extrêmement brillantes, entraînantes. Je crois surtout que leur éclat et leur originalité viennent de ce qu'elles parviennent à sertir à la perfection le penchant mélodique de la brit-pop dans l'urgence hargneuse du rock. Il n'est pas si facile de mettre en avant l'une ou l'autre chanson. Peut-être le riff de Dirty Soul, le refrain de Long Time Dead, les guitares de Casino Girl et de Dolphin, la vélocité entêtante de Mark... Sans oublier le titre final, On an Island With You, qui reste à ce jour l'une de mes chansons préférées.
13 mars 2010
Nottingham (Royaume-Uni), 9 décembre 2009.
1994, Polydor.