1989, Silvertone
D'aucuns ont parlé de cet album comme l'un des meilleurs de tout le rock britannique. C'est exagéré, mais pas tant que cela. Je me rappelle la joie de réentendre de vraies guitares rock porter des refrains accrocheurs (I Wanna Be Adored, Made of Stone). Les Stone Roses avaient retrouvé le secret un peu perdu d'une musique pop combinant la vigueur du rock et la belle mélodie. Ils n'étaient d'ailleurs pas les seuls. Ce serait grande injustice par exemple de ne pas citer les La's, qui portaient à la même époque un souffle nouveau fort similaire. Et même séparés, les Smiths avaient laissé une lumière qui ne s'éteindrait jamais (1). Tout ceci n'enlève rien au talent des Stone Roses, qui ont réalisé là une oeuvre magistrale. Toutes les chansons ont pour elles la force de leur charpente rock et le charme de leurs beaux atours mélodiques, à deux exceptions près : Don't Stop, plus expérimentale qu'autre chose, et Elizabeth My Dear que rien ne relie particulièrement au rock (cet interlude reprend une chanson traditionnelle anglaise, Scarborough Fair, que Simon & Garfunkel avaient déjà remise au goût du jour). Autrement, la constante de l'album est dans l'usage immodéré de guitares et de percussions débridées (Waterfall, This Is The One), l'apothéose étant atteinte dans le délire jouissif qui conclut longuement I Am The Resurrection. Cette première oeuvre a tant de qualités qu'il est largement incompréhensible que les Stone Roses en soient restés à cet unique feu follet. À dire vrai, ils ont sorti un deuxième album, mais la charité chrétienne veut qu'on en parle le moins possible, tant il a laissé ses auditeurs totalement désemparés, sinon consternés.
21 février 2014
(1) There Is A Light That Never Goes Out, chanson figurant dans l'album The Queen Is Dead (1986).
Blackpool (Angleterre, Royaume-Uni), 12 août 1989.
Vidéo éditée par StoneRosesVEVO.
1989, Silvertone.