2008, Island
Ce n'est pas au grand air ensoleillé que l'on remarque Portishead, tel un papillon aux ailes bariolées. Ce serait plutôt dans la moiteur d'une cave sombre, tel un cafard gros comme ça qui longerait la brique nue, vaguement repoussant et apeuré. Les dix années de silence depuis le précédent album n'ont pas changé grand chose : le trio de Bristol livre toujours un trip-hop sans fard ni paillettes, économe de moyens comme d'effets, oscillant entre le murmure existentiel et le prototype expérimental. Il est impossible de l'apprécier d'une oreille distraite : sa force ne se révèle qu'à ceux qui font l'effort de l'écouter. Là, une fois les rideaux tirés, les yeux fermés et le casque sur les oreilles, peut-être parviendra-t-on à capter l'émotion des basses quasiment inaudibles, des percussions sourdes et tribales, des harmonies étranges, des vrilles de synthé, des bruits de fond (pales d'hélicoptère sur Plastic) ou de premier plan (échanges de tirs électroniques sur Machine Gun), du chant susurré. Et puis, ici ou là, de purs instants de magie : le riff de guitare sale sur We Carry On, le chorus final de synthé sur Machine Gun (qui m'évoque le même optimisme que Terminator...), le bien nommé Magic Doors (carrément un tube radiophonique, à l'aune de tout le reste) et The Rip qui a déjà rejoint mon panthéon des chansons inoubliables.
25 mai 2008
Canal+, 2008.
2008, Island.