1996, Elektra
En talentueux adeptes du comique de répétition, les Inconnus s'étaient amusés à mettre à plusieurs sauces leur fameuse différence entre un bon et un mauvais chasseur. Ainsi, « le bon hard rock, tu ‘ois, c'est un mec qu'est sur scène, il a la guitare et puis y crache ». Tout le contraire du mauvais hard rock, où « le mec il a la guitare, et sur scène y crache, mais ça n'a rien à voir » (1). Nada Surf ne fait pas dans le hard rock mais n'en « crache » pas moins un rock musclé dans son premier album, qui présente toutes les qualités requises pour être perçu comme « bon », qu'on l'aime ou non. Petit problème : ces débuts portent un double malentendu. D'abord, le groupe va rapidement s'orienter vers un style plus doux et sophistiqué, au grand dam de sa maison de disques d'alors. Ensuite, pour beaucoup – y compris pour ladite maison de disques –, leurs débuts se résument au seul tube Popular, le reste étant considéré au mieux comme secondaire. Pourtant, des titres comme Deeper Well, The Plan, Stalemate, Icebox ou Zen Brain ne méritent pas une telle indifférence. Car ce qui s'entend très clairement dans tout ce High/Low, c'est que Nada Surf a un don certain pour composer des chansons accrocheuses, fort bien arrangées et exécutées en parfaite cohésion. S'y ajoute ici et là une pointe de tristesse surgissant en mode mineur, qui trouve sans problème le défaut de la cuirasse de toute âme un tant soit peu sensible. La suite montrera qu'il n'est malgré tout pas si évident pour un groupe de suivre son propre instinct lorsque celui-ci va à l'encontre des attentes déjà suscitées par un premier succès.
1er octobre 2022
(1) Sketch Chanson hard-rock (poésie), La Télé des Inconnus, France 2, 2 novembre 1992.
Knoxville (Tennessee, États-Unis), 24 juillet 1996.
Vidéo éditée par FatElvisRecords.
1996, Elektra.