2006, Attack / Sanctuary
Depuis la séparation des Smiths, en 1987, Steven Patrick Morrissey poursuit une carrière solo parsemée d'albums inégaux. Les compositions et la production soignées de celui-ci le mettent plutôt au-dessus du panier. La musique de Morrissey n'a jamais vraiment tourné la page des Smiths et l'on retrouve les ébauches complexes de leurs mélodies, assez difficiles à retenir. Elles se déploient généralement sur une solide charpente rythmique et des décors de guitares qui n'hésitent pas à envahir l'espace. Dans cet album, on a même convoqué Ennio Morricone pour tapisser de cordes quelques recoins. Mais ce qui fait irrémédiablement penser aux Smiths, c'est évidemment Morrissey lui-même, qui chante, prie, espère ou se lamente toujours avec la même voix qui pleure. Amour et violence, sexe et religion, chérubins et meurtriers, solitude et mort, et Dieu, toujours, élevé ici au rang de chef de bande des bourreaux... Les textes intimistes restent eux aussi fidèles aux obsessions du chanteur, qui puise l'inspiration dans les faits divers ou dans sa propre existence, visiblement tourmentée. S'il parvient à trouver la paix un jour, j'espère que cela ne l'empêchera pas de continuer à composer des prières aussi émouvantes que Dear God Please Help Me, dont l'orgue somptueux et le thème musical, un sanglot apitoyé qui racle la gorge, me donnent à chaque fois la chair de poule.
10 février 2007
Festival de Benicassim (Espagne) le 22 juillet 2006.
2006, Attack / Sanctuary.