1997, Chemikal Underground
Il paraît que Mogwai déteste cet album, alors que ses fans ont plutôt tendance à le considérer comme le meilleur. Ce qui est sûr, c'est que cette première production du groupe écossais peut être facilement sous-estimée si, comme je l'ai malheureusement fait d'abord, on se contente de la passer en toile de fond d'une autre activité. Très largement instrumentale, jouant habilement du contraste entre tristesses calmes et fureurs déchaînées, elle ne ne se livre pas du tout à l'auditeur distrait. Mais si l'on accepte de s'y plonger corps et âme, on y découvre un univers musical extrêmement envoûtant. Par moments, on ne peut s'empêcher de penser à Godspeed You! Black Emperor, dans la manière dont les sombres lurons de Mogwai prennent leur temps à dévoiler et à assembler les différentes pièces de leurs morceaux. N'y cherchez pas l'arc-en-ciel, le pur azur ou les jolis gazouillis des oiseaux : les terres dépeintes ici sont désertes, dévastées, désolées, et on les arpente avec le sentiment d'être le dernier humain au monde. Cela les amuse, d'ailleurs : le « one, two, three, four » plein d'entrain qui nous réveille soudain, juste après le très mélancolique R U Still In 2 It, débouche en fait sur un A Cheery Wave... au bord de l'épuisement. Mais de tous les titres, c'est encore l'émouvante harmonie de Tracy qui me touche le plus.
7 octobre 2006
Mexico (Mexique), 26 juin 2008.
1997, Chemikal Underground.