2019, Human Season Records
« En v'là d'la new wave, en v'là » aurait pu chanter un Michel Jonasz plus porté sur le post-punk que sur le blues. Ce tout premier album des Irlandais de Murder Capital est en effet une véritable machine à remonter le temps, rajeunissant les auditeurs de cinquante ans, à l'époque où l'éphémère Joy Division brandissait la noirceur absolue en étendard. Le style vestimentaire du chanteur de Murder Capital, James McGovern, n'est d'ailleurs pas sans rappeler l'apparence de Ian Curtis. Mais c'est la musique, cette new wave née de la tristesse, de la colère et du désespoir, qui appelle instinctivement à cette comparaison : martèlements sourds de batterie, basse métronomique omniprésente, hachures de guitares métalliques, chant scandé comme un manifeste révolutionnaire. Encore que, toute sombre soit-elle, la new wave de Murder Capital est nettement plus « avenante », si j'osais le terme, que celle de ses illustres ancêtres. Le phrasé, les mélodies et la voix du chanteur y sont pour beaucoup, mais ce sont aussi les harmonies suggérées ou soulignées par la basse et les guitares qui procurent une sensation d'ivresse irrépressible à l'écoute de certains titres emblématiques du genre (For Everything, Green & Blue) ou chargés d'une telle émotion qu'ils ne sauraient laisser insensible (On Twisted Ground). Il paraît que l'album suivant met de l'eau dans ce vin triste. Ce serait une déception pour les adeptes du grand nuancier du mal-être, mais il leur restera au moins ce premier album, magistral et intemporel.
1er janvier 2025
Somerville (Massachusetts, États-Unis), le 11 mars 2020.
Vidéo éditée par blirbis.
2019, Human Season Records.