2019, Pelagic Records
Si l'on admet que le post-rock désigne une forme de rock fondamentalement instrumentale pouvant aller du mélodique à l'expérimental, en passant par le motif répétitif, alors ce ne sont pas des références françaises qui me viennent spontanément en tête. Je songe plutôt à l'Écosse de Mogwai, au Canada de Godspeed You! Black Emperor, à l'Islande de Sigur Rós ou bien aux États-Unis de Slint, des Explosions In The Sky ou encore des Russian Circles. Mais ça, c'était avant de découvrir le quatuor Lost In Kiev, dont le nom fort trompeur occulte totalement l'origine bleu-blanc-rouge pour ce qui est du pays et « fluctuat nec mergitur » pour ce qui est de la ville. Première constatation : ces quatre garçons réussissent à associer avec bonheur le rock à la France, ce qui est un véritable exploit quand on fait le compte, sur les doigts d'une main, des groupes hexagonaux les ayant précédés avec succès dans cette voie. Mais le plus surprenant – et le plus attachant – à l'écoute de cet album Persona, c'est qu'il révèle leur formidable talent de conteurs musicaux. Sans le moindre chant, par la seule force évocatrice d'un rock harmonique et mélodique très à l'aise avec les synthétiseurs, et en dépit de leur intention première d'évoquer un futur régi par les intelligences artificielles, ils parviennent à nous raconter les histoires que l'on veut entendre, à nous dépeindre nos lieux préférés, à nous bercer dans nos ambiances secrètement chéries. Un tel talent n'est pas donné à tout le monde, loin s'en faut. Je l'entends tout particulièrement dans les titres Persona, The Incomplete et Mecasocialis. J'espère vivement que leur dernier album, Rupture, qui vient tout juste de sortir, ne démentira pas le plaisir et le respect que leur découverte m'a inspirés.
30 octobre 2022
Colmar (Grand Est, France) le 28 octobre 2022.
Vidéo éditée par sebcasm.
2019, Pelagic Records.