1979, Factory Records
Il est des maux que la musique ne guérit pas. Épileptique, dépressif chronique, le chanteur Ian Curtis déciderait de quitter ce monde pas vraiment fait pour lui un an après la parution de cet Unknown Pleasures, sans même attendre la sortie de l'album suivant, Closer. Bien que le son de cette poignée de chansons ait été enjolivé par le producteur, au grand dam des musiciens, il reste quand même suffisamment dépouillé et brut pour justifier pleinement le terme de « post punk » utilisé outre-Manche pour désigner ce courant musical emmenant la hargne provocante et brouillonne des punks vers un son plus austère, martial et généralement glacial. Basse métallique, tambours saccadés, guitare en accords saturés, en hachures bruitistes ou en éclaircies d'arpèges à la limite du désaccord, mélopée monocorde... Il n'y a pas une lueur dans ce rock, pas un souffle d'air, pas d'autre couleur que le noir morbide d'un corbeau sur une tombe. Il faut croire qu'une telle noirceur entrait en résonance avec l'état d'esprit d'une partie de la jeunesse d'alors, qui en redemandait. Les déclinaisons plus harmoniques du mal-être adolescent que proposait Cure me touchaient davantage – New Dawn Fades s'en approche, d'ailleurs – mais je comprenais tout à fait cette radicalité absolue en quête de quelque chose d'autre (1).
25 avril 2020
(1) New Dawn Fades.
Version originale avec les paroles en hommage à Ian Curtis.
Vidéo éditée par Konstantinos Agent 47.
1979, Factory Records.