1973, Virgin Records
Cela fait bien longtemps que Faust IV patiente dans ma liste des albums à chroniquer, ne manquant jamais de m'adresser un regard noir à chaque consultation de ladite file d'attente. À ma décharge, je serais tenté de plaider qu'il faut tout de même un peu de temps devant soi pour se plonger dans une œuvre aussi déconcertante, ne serait-ce que pour tenter d'en tracer les contours – pour ce qui est de la comprendre, peut-on en reparler disons dans une dizaine d'années, si ça ne vous dérange pas ? Et encore : il paraît que cet album est le plus accessible de tous ceux parus jusque-là. Cela dit, il faut reconnaître que le rock expérimental du quintet allemand a quelque chose de fascinant, voire d'envoûtant. Après leur définition initiale du nouveau rock allemand qu'ils ont contribué à faire émerger au début des années 1970 et que la critique, toujours aimable et délicate, a baptisé « rock choucroute » (près de 12 minutes de basse pulsante et de guitares bruitistes judicieusement intitulées Krautrock), ils explorent divers formats musicaux leur offrant autant d'espaces pour se jouer des conventions et des héritages prestigieux, qu'il s'agisse de la fausse chansonnette doucereuse à la Velvet Underground (Jennifer), des envolées jazz-rock à la Frank Zappa (Giggy Smile) ou à la Magma (Just A Second), ou encore des pseudo-ballades innocentes à la Pink Floyd (It's A Bit Of A Pain). L'on ne sait plus trop où donner de la tête dans cette variété d'approches mais une certitude s'impose assez rapidement : Faust réunit des musiciens de haute volée, inventifs, audacieux et parfois déroutants, mais aussi parfaitement capables d'insuffler chaleur et excitation à travers leurs improvisations en boucles (l'intervention de l'orgue dans Giggy Smile est fabuleuse).
15 décembre 2024
Version originale
Vidéo éditée par Enditfaust.
1973, Virgin Records.