1996, Dreamworks Records / SKG Music
Les Anguilles ont le don de glisser entre les étiquettes trop convenues. Leur joli monstre de premier album doit-il se ranger au rayon du rock alternatif ? Dans la cave des bidouillages post-rock ? À moins qu'il ne rejoigne Cat Power sur l'étagère de la pop cathartique ? D'abord, ce n'est même pas un groupe à proprement parler, mais une poignée de musiciens interchangeables dont a besoin Mark Oliver Everett, alias « E », pour donner vie à la musique et aux textes qui racontent sa pas drôle de vie. Cela donne un amas hétéroclite de chansons tantôt rock (guitare dominante), tantôt pop (piano, chorale, violons), dont le trait commun est d'obéir à une construction hachée où l'on n'hésite pas à tronçonner la musique avec du blanc, à alterner l'électrique et l'acoustique, voire à délibérément salir le son avec des grésillements, scratches et autres bruits. Ce sont du reste ces graffitis bombés dans l'urgence que je trouve les plus réussis et les plus touchants (Novocaine for the Soul, Rags to Rags, Not Ready Yet).
28 mars 2009
Canal +, 11 novembre 1996.
1996, Dreamworks Records / SKG Music.