2015, Sony Music / RCA
Greffer de l'électro dansante sur le rock n'est pas entreprise aisée, le propos originel des deux styles étant totalement opposés. Les Britanniques d'Everything Everything font partie des rares formations à réussir un tel mélange de courants qui d'ordinaire se détestent cordialement. Leur osmose se traduit par des chansons pop-rock au son globalement léger et entraînant, contrastant singulièrement avec la gravité des sujets abordés par le chanteur Jonathan Higgs. Certaines penchent même beaucoup, de mon point de vue, vers le versant le plus futile de l'électro-pop (Distant Past). Il se trouve cependant que Jonathan Higgs a reçu de ses bonnes fées le don des mélodies accrocheuses (le formidable refrain de Regret) et que ses comparses n'entendent pas limiter leurs interventions à des boucles peut-être efficaces mais finalement paresseuses et pauvres. Aussi cet album nous gratifie-t-il de morceaux plus complexes et sombres qu'il n'y paraît : To The Blade et ses contrastes surprenants, The Wheel et sa deuxième partie suintant de tristesse et de désespoir, Fortune 500 dont le beat techno répétitif donne plus envie de se pendre que de danser, Blast Doors et sa battle entre un couplet au phrasé rap et un refrain très aérien... Mais c'est encore le dépouillement extrême de No Reptiles – battement de synthé basse et superbe chant lancinant – qui révèle le plus le talent et la virtuosité d'Everything Everything.
18 février 2024
Festival T In The Park à Auchterarder (Écosse, Royaume-Uni), le 12 juillet 2015.
Vidéo éditée par BBC Three.
2015, Sony Music / RCA.