2015, Kanine Records
La musique pop-rock éthérée (dream pop) est un exercice beaucoup plus difficile à réussir qu'il n'y paraît. Nombreux sont les groupes qui ont tenté de prolonger le chemin des Cocteau Twins ou de Lush, en vain. Car il ne suffit pas d'opter pour une voix féminine et d'ajouter de la réverbération un peu partout pour convaincre. Dans ce style comme dans tous les autres, l'art de la composition reste primordial pour livrer des chansons capables de toucher le cœur des gens. À cet égard, les trois premiers morceaux de cet album des Eternal Summers sont particulièrement réussis. D'abord l'introduction douce d'Unassigned, amenant les trois notes des arpèges de guitare de Together Or Alone, répétitifs et prenants, qui accompagnent superbement l'harmonie de la basse et du chant. Dans la même veine enlevée, Gold And Stone vient clore cette séquence. Le trio américain poursuit ensuite avec des chansons soit de facture moins travaillée (simples accords de guitare), soit un peu moins inspirées. En tout cas, sans forcément démériter, elles me font beaucoup moins dresser l'oreille, à l'exception de Black Diamond, dont l'énergie me paraît mieux canalisée que celle de Come Alive ou Play Dead. Mentionnons aussi le titre bonus Our Distant Bodies (1), qui vient achever l'album d'une note mélancolique magnifiquement épurée. Par comparaison à leur album précédent, The Drop Beneath, un peu plus rentre-dedans et beaucoup moins subtil, il est évident que les Eternal Summers sont en progrès, avec une guitare plus lumineuse et une batterie nettement moins pesante. Mais je suis sûr qu'ils peuvent encore mieux faire.
28 avril 2023
(1) Présent seulement dans l'édition numérique de l'album, avec un autre titre bonus, Honey.
Studio de la radio KEXP à Seattle (Washington, États-Unis), le 29 avril 2015.
Vidéo éditée par KEXP.
2015, Kanine Records.