1993, Sire Records
Cet album a été enfanté dans la douleur. Finalement, ce n'était peut-être pas une si bonne idée que de s'enfermer des mois dans une maison d'Espagne aménagée en studio. Entre engueulades et gros coups de cafard, entre alcool et autres addictions, les chansons ont eu du mal à venir. Alan Wilder finira d'ailleurs par plaquer le groupe après la tournée ayant suivi l'album. Cela dit, cette genèse éprouvante a au moins eu le mérite de laisser des traces dans les chansons. Ainsi, le temps n'ayant pas été compté, les instruments et le son ont bénéficié d'une attention particulièrement soignée. C'est un Depeche Mode plus rock que l'on entend, avec un peu de blues ici et de gospel là, de vraies guitares et une vraie batterie. Embrumant l'atmosphère ou martelant des lignes de basse infernales, les synthés sont d'une richesse et d'une inventivité impressionnantes. Le groupe a souffert, mais les couronnes d'épines engendrent de grandes choses et ces chansons de foi et de dévotion sont divinement sombres. Les ambiances lourdes et dépressives d'In Your Room et de Higher Love me touchent particulièrement. Et puis, il y a Walking In My Shoes, dont je ne suis certainement pas le seul à sortir sonné par cet art de faire « aïe » d'une manière totalement froide, distante et dénuée d'émotion.
7 septembre 2014
Barcelone (Espagne), 20 ou 21 novembre 2009.
Vidéo éditée par Sergueï Nsk.
1993, Sire Records.