2022, Atlantic / Barsuk Records
Au dixième album, Death Cab For Cutie a toujours la mélancolie élégante même si elle tend un peu à se répéter. Une moitié des chansons a été composée chacun chez soi pour cause d'épidémie de covid, selon la bonne vieille méthode de création surprise que sont les cadavres exquis. Il coexiste deux catégories de titres : les uns ont le son pondéré qui sied aux souvenirs ou aux regrets (Asphalt Meadows, Here To Forever, Pepper) ; d'autres n'ont pas cette retenue, qui misent plutôt sur la logorrhée sonore (I Don't Know How I Survive, Roman Candles). Ce dernier choix assumé par le groupe et son producteur John Congleton évite certes la monotonie mais aurait pu être moins brutal : il n'est pas bon signe de ne plus entendre qu'un gros grondement patapouf indigne d'un groupe si expérimenté et d'en oublier la musique, comme lorsque le goutte à goutte d'un robinet fuyant provoque une crispation obsédante. D'autant que d'autres morceaux de même trempe ne tombent pas dans la surenchère contre-productive et conservent sans problème ce son cristallin si caractéristique de l'œuvre du groupe (I Miss Strangers). Globalement, l'album s'avère plus honorable que son pâle prédécesseur, Thank You For Today. De là à s'enflammer, il y a malgré tout plus qu'un intervalle de seconde mineure.
25 février 2024
Phoenix (Arizona, États-Unis), le 17 octobre 2022.
Vidéo éditée par bellbottomtear.
2022, Atlantic / Barsuk Records.