2024, Lost Music / Universal Music
Je ne sais plus quel critique se plaint d'une accumulation de chansons « redondantes » venant après des introductions « interminables ». L'on pourrait croire qu'un minimum de culture, de curiosité et de professionnalisme soit nécessaire pour faire ce métier de commentateur du talent des autres ; à l'évidence, afficher son ignorance crasse et son penchant pour le travail fait par-dessus la jambe n'empêche nullement de scribouiller pour des magazines censés être spécialisés. Évidemment que les introductions prennent tout leur temps pour installer une ambiance généralement bien plombante, voire carrément mortuaire : c'est précisément la marque de fabrique de Cure. Du reste, avec l'âge, l'humeur pessimiste de Robert Smith ne s'arrange guère, se lamentant sur tout ce qui ne résiste pas au temps – l'amour, les rêves, les promesses – et voyant survenir au loin une fin inéluctable, quand ne lui sont pas déjà enlevés des êtres chers tel son frère Richard (I Can Never Say Goodbye). Alors les guitares font couler de longs sanglots qui roulent entre les vibrations d'une basse en deuil et les roulements d'une batterie funèbre, le tout enveloppé d'un brouillard automnal de synthés. Le paroxysme de cette tristesse vient avec le titre final Endsong. C'est merveilleusement désespéré et cela fait un bien fou de retrouver du vrai Cure, du dévastateur, du que l'on a passionnément aimé quand on avait tant besoin d'entendre encore et encore l'écho sonore de ses propres chagrins.
5 novembre 2024
Festival Primavera Sound à Sao Paulo (Brésil), le 3 décembre 2023.
Vidéo éditée par Only Live Music Videos.
2024, Lost Music / Universal Music.